Page:Choix de discours de réception à l'Académie françoise, tome I, 1808.djvu/502

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monde, elles devroient se retrouver dans la bouche des rois.

Depuis Charlemagne, on n’avoit point eu l’idée d’unir en un corps les écrivains qui honoroient la Nation, de les intéresser tous à la gloire les uns des autres, d’en former comme un sénat littéraire ; objet d’ambition, ressort d’émulation, moyen de récompense pour les talens distingués : voilà le bienfait de Richelieu.

Séguier, qui s’étoit associé à son zèle pour les lettres, Séguier fut digne de le remplacer. Le jeune Duc d’Enghien lui envioit cette gloire, et ce sentiment annonçoit déjà le grand Condé.

La liberté est si essentielle aux lettres, que ces premiers Académiciens, comblés des faveurs du Gouvernement, regrettoient toujours, comme l’âge d’or de l’Académie, le temps où, n’ayant pas encore attiré sur eux les regards de Richelieu, leur choix seul et l’amitié les rassembloient en silence chez Conrart.

Aussi Louis XIV et Colbert jugèrent-ils que, pour assurer à l’Académie la plénitude de cette liberté, il falloit lui donner ses Rois pour protecteurs. L’espace immense que le rang suprême laisse entre le Souverain et les Sujets, tourne au profit de l’égalité Académique. Cette protection, Messieurs, vous est nécessaire ; elle vous est due ; et vous en jouirez tant que l’esprit et la raison seront comptés pour quelque chose, tant que la gloire et la vertu seront chères aux François, tant