Page:Choix de discours de réception à l'Académie françoise, tome I, 1808.djvu/54

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comme ses oracles, et qu’il ne vous défère comme à ses juges. Vous avez trouvé le secret de régler ses bizarreries, et de fixer son instabilité par le moyen de votre excellent Dictionnaire, ouvrage de tant de mains et de tant d’années, asile éternel des expressions marquées à votre coin, trésor public de toutes les richesses de notre langue, dont l’édition attendue avec impatience vous doit attirer la curiosité des étrangers, l’applaudissement des François, et la faveur même d’un Prince qui, faisant tous les jours tant d’actions dignes de l’immortalité, a un intérêt particulier de favoriser ceux qui sont les plus capables de les rendre immortelles.

Quel avantage, Messieurs, pour un homme plein de doutes touchant sa langue, et qui n’a rien en soi de recommandable que sa docilité, d’être admis dans une école où il puisera dans la source de tous les éclaircissemens et de toutes les belles choses, où il trouvera autant de maîtres que vous avez bien voulu qu’il eût de compagnons, où, par une espèce d’enchantement il verra naître autant de fleurs que vous y prononcerez de paroles, où il pourra s’instruire et se divertir tout ensemble.

Il n’y a point d’obscurité, point de nuages qui ne se dissipent en vous approchant, et comme dans l’univers on voit certains corps, qui, tout opaques et ténébreux qu’ils sont, ne laissent pas leur exposition au soleil, d’en emprunter