Page:Choix de discours de réception à l'Académie françoise, tome I, 1808.djvu/85

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cercle étroit qu’il lui avoit plu de leur tracer.

Quel avantage pour nous tous tant que nous sommes, Messieurs, qui chacun, selon nos différens talens, avons entrepris de célébrer tant de grandes choses ! Vous n’aurez point, pour les mettre en jour, à discuter avec des fatigues incroyables une foule d’intrigues difficiles à développer. Vous n’aurez pas même à fouiller dans le cabinet de ses ennemis. Leur mauvaise volonté, leur impuissance, leur douleur est publique à toute la terre. Vous n’aurez point à craindre enfin tous ces longs détails de chicanes ennuyeuses qui sèchent l’esprit de l’écrivain, et qui jettent tant de langueur dans la plupart des histoires modernes, où le lecteur qui cherchoit des faits, ne trouvant que des paroles, sent mourir à chaque pas son attention, et perd de vue le fil des événemens. Dans l’histoire du Roi, tout vit, tout marche, tout est en action ; il ne faut que le suivre, si l’on peut, et le bien étudier lui seul. C’est un enchaînement continuel de faits merveilleux que lui-même commence, que lui-même achève, aussi clairs, aussi intelligibles quand ils sont exécutés, qu’impénétrables avant l’exécution : en un mot, le miracle suit de près un autre miracle. L’attention est toujours vive, l’administration toujours tendue, et l’on n’est pas moins frappé de la grandeur et de la promptitude avec laquelle se fait la paix, que de la rapidité avec laquelle se font les conquêtes.