Page:Choix de discours de réception à l'Académie françoise, tome I, 1808.djvu/91

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se montre que pour le besoin ; l’esprit même se cache, parce que toute la perfection de l’art consiste à imiter si naïvement la simple nature, qu’on le prenne pour elle. Ainsi on ne donne plus le nom d’esprit à une imagination éblouissante ; on le réserve pour un génie réglé et correct qui tourne tout en sentiment, qui suit pas à pas la nature toujours simple et gracieuse, qui ramène toutes les pensées aux principes de la raison, et qui ne trouve beau que tout ce qui est véritable. On a senti même en nos jours que le style est fleuri, quelque doux et quelqu’agréable qu’il soit, ne peut jamais s’élever au-dessus du genre médiocre, et que le vrai sublime dédaignant tous les ornemens empruntés ne se trouve que dans le simple.

On a enfin compris qu’il faut écrire comme les Raphaëls, les Carraches et les Poussins ont peint, non pour chercher de merveilleux caprices et pour faire admirer leur imagination en se jouant du pinceau, mais pour peindre d’après nature. On a reconnu aussi que les beautés du discours ressemblent à celles de l’architecture ; les ouvrages les plus hardis et les plus façonnés du gothique ne sont pas les meilleurs. Il ne faut admettre, dans un édifice, aucune partie destinée au seul ornement ; mais visant toujours aux belles proportions, on doit tourner en ornement toutes les parties nécessaires à soutenir un édifice.