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l’un des hommes les plus influents du district, car il descendait de la famille des grands chefs de Raiatéa.

Quelques jours après la nouvelle et dernière élection, des mutoïs (gendarmes indigènes) arrêtèrent ces deux hommes et les mirent en prison ; puis ils furent conduits, à pied, de brigade en brigade, jusqu’à Papeete où ils comparurent devant M. de la Richerie comme coupables d’avoir apposé de fausses signatures sur la lettre collective par laquelle les gens de Punavia avaient protesté contre la première élection de Pohue.

M. de la Richerie, de son autorité privée, condamna ces deux hommes à quinze jours d’exil dans le district de Papeete, où ces malheureux n’avaient aucune ressource pour subsister. Cette punition fut ensuite prolongée et dura un mois. Si Teono et Tehoorau étaient innocents, les châtier était injuste ; s’ils étaient coupables, le châtiment était trop doux.

Ils voulurent se justifier, mais on ne les écouta point ; ils demandèrent à être jugés, mais M. de la Richerie ne le voulut pas. Pourquoi ? La réponse est facile à faire, c’est que les accusés ne savaient pas écrire et que tous les gens de Punavia, indiens et européens, étaient là pour en témoigner.

Terminons par un troisième fait pris aussi dans le tas ; c’était au mois de juillet 1862, deux ans plus tard que ce que nous achevons de raconter, et toujours dans le district de Punavia.

Les mutoïs réclamèrent l’impôt à trois enfants catholiques, Hupehupe, jeune garçon de quinze ans, Teave et Noahu, jeunes filles âgées de seize et de treize ans.

Le jeune garçon, effrayé par les mutoïs, paya l’impôt, mais les jeunes filles s’y refusèrent en invoquant la loi tahitienne sur l’impôt qui dit : « Les filles qui ont dix-huit ans accomplis paieront seules l’impôt. »

Elles furent mises en prison.

Le même jour, Putavahine, jeune femme catholique, accouchée de la veille, et dont le mari était absent, fut mise en demeure, par les mêmes agents, d’avoir à payer le double impôt des personnes non mariées. Elle s’y refusa, et malgré son état de faiblesse et de maladie, elle eût été traînée en prison si l’indignation de ses voisins et de ses parents ne se fût manifestée de façon à faire réfléchir les mutoïs.

Une lettre relatant les faits et réclamant en faveur des