Page:Chopard - Quelques personnages officiels à Tahiti, sous le règne de S. M. Napoléon III.djvu/40

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 33 —

vilaines affaires », et pour tout honnête homme qui veut se rendre compte des choses, elles ne font honneur ni à Dupuy, ni à Pignon, ni à ceux qui les ont aidés.

Mais l’accusation portée par M. le comte de Kératry, devant la Chambre des députés, nous oblige à nous occuper des deux enquêteurs et à ne plus les laisser de côté comme nous avions essayé de le faire il y a peu de mois[1].

L’historique de la vie privée d’un homme jette ordinairement de vives lueurs sur sa vie publique et permet de juger des faits qui, sans cela, resteraient souvent inexplicables. Cependant nous ne parlerons pas de celle de ces messieurs, car nous ignorons la vie privée de M. Duprat, et quant à celle de M. Landes, il nous faudrait pour nous en occuper descendre jusqu’à la fange où ses passions le vautraient.

Nous ne parlerons donc que de l’enquête.

Le samedi, 23 février 1861, le brick de guerre français le Railleur arriva sur la rade de Mangarèva avec MM. Landes et Duprat.

Le dimanche 24 février ces messieurs demandèrent à la reine régente des îles Gambier, Maria-Eutokia, une entrevue qui leur fut accordée et fixée au lendemain lundi.

Le but officiel de cette visite était de s’entendre avec la régente au sujet des enquêtes que M. de la Richerie avait chargé ces messieurs de faire.

Le 25 février la reine reçut les enquêteurs. Elle avait auprès d’elle le régent Élias Téoa et le R. P. Laval.

Après les saluts d’usage, MM. Landes et Duprat demandèrent avant toute chose et avec instances la grâce de Dupuy.

À cette demande la reine répondit que : « Ces messieurs connaissant seulement la conduite de Dupuy, par ce qu’il leur en avait raconté lui-même, il serait bon qu’avant d’implorer sa grâce, ils prissent connaissance des pièces de son procès. » Ils répondirent l’un et l’autre que « ce qui avait été fait, ayant été accompli suivant les lois et les usages du pays mangarèvien, était bien fait, car Gambier avait le droit de se gouverner par lui-même. Que, quel que fût la faute commise par Dupuy, la régente pouvait faire grâce, et ce qu’ils demandaient c’était cette grâce. »

  1. Voir la brochure : Les Îles Gambier et la brochure de M. Louis Jacolliot.