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au moyen de la plainte formulée contre ce dernier, par un Français habitant de Mangarèva et qui avait été lui et les siens frappé par une excommunication mineure pour cause de mauvaises mœurs.

3o De prendre tous les renseignements qu’il lui serait possible de recueillir sur le pays.

Dans la lettre lue par M. de Kératry (6me pièce) nous avons été surpris de ne rien trouver ayant trait aux deux premiers motifs de la mission de M. Caillet. Cela joint à ce que cette lettre est bien mieux rédigée que ses autres rapports, nous a fait hésiter un instant dans la découverte de son auteur ; cependant nos souvenirs n’ont pas permis à notre hésitation d’être de longue durée, car, au retour de l’Euryale à Tahiti, nous avions appris sûrement qu’on n’avait rien trouvé de sérieux touchant l’accusation de la mort d’un homme et rien à faire de la plainte du Français excommunié.

Nous avons sous nos yeux le rapport du 16 avril 1866, mentionné par M. le comte de la Roncière. Un de nos amis, qui l’a obtenu de M. Caillet lui-même, a bien voulu nous le prêter en nous accordant toute liberté pour en user à notre volonté.

C’est de cette pièce que parlait M. Caillet lorsqu’il disait un jour, devant plusieurs personnes parmi lesquelles nous étions :

« C’est ce que j’ai jamais fait de mieux comme travail et de plus châtié comme style. C’est mon œuvre capitale. »

La première phrase de ce rapport est la suivante :

« Aux Gambier, comme dans toutes les autres îles, sur lesquelles Tahiti exerçait un droit de suzeraineté, l’autorité était autrefois entre les mains d’un chef principal qu’appuyaient ou contrôlaient à l’occasion une série de chefs subalternes indépendants les uns des autres. »

Si l’on demandait à l’auteur de cette assertion sur quel fait, sur quelle tradition, sur quelle autorité enfin il s’appuie pour affirmer l’existence d’un droit de suzeraineté de Tahiti sur les îles Gambier, il lui serait absolument impossible d’en fournir des preuves autres que les rêveries de son cerveau.

Les lignes qui suivent cette première phrase sont pleines d’un pathos fort peu intelligible, au milieu duquel on peut cependant apercevoir que l’intention de l’auteur a été de montrer le fanatisme, sous la forme du R. P. Laval, comprimant, sous sa main de fer, les moindres élans du cœur de la reine de Mangarèva.