Page:Chopard - Quelques personnages officiels à Tahiti, sous le règne de S. M. Napoléon III.djvu/81

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 74 —

Dans les dix années qui se sont écoulées de 1852 à 1862, la maison royale des îles Gambier a donc reçu 103,762 francs en argent monnayé et 472,252 francs de marchandises.

Ces marchandises ont été consommées dans le pays, et chaque habitant en a usé annuellement pour trente-six francs et trente-deux centimes environ, ce qui n’a rien d’excessif si l’on considère que cette somme représente les achats d’habillements, d’ustensiles de ménage, d’outils, de clous, rames, filets, etc., etc.

Dès maintenant, on voit qu’il n’y a là rien qui puisse fournir au R. P. Laval les moyens d’envoyer 60 ou 70,000 francs par an à sa communauté. Nous donnerons un peu plus loin le compte exact de l’emploi des 103,762 francs reçus en espèces. Mais avant cela, considérons ce qu’a rapporté le commerce des perles.

La première vente concernant ce produit a eu lieu par l’entremise de M. la Motte du Portaïl, négociant à Valparaiso. Il fit faillite, et, s’il est encore de ce monde, il peut attester que cette vente a rapporté zéro.

Le roi des îles Gambier fit ensuite un cadeau à S. M. Louis-Philippe Ier. Les perles qui le composaient étaient belles, et ce présent fut la cause de la tentative faite pour établir le protectorat français sur ces îles. Sa Majesté le roi des Français, afin de reconnaître le don qu’on venait de lui faire, envoya aux Gambier pour trente mille francs d’outils de toutes sortes.

Une deuxième vente de perles fut tentée avec le concours de M. Marziou, négociant au Havre. C’était à la veille d’une révolution. Le prix fut excessivement, réduit par suite de la crise financière qui se produisit alors, et M. Marziou peut dire que ce prix réduit fut en entier soldé en marchandises.

Au mois de mai 1861, M. de la Richerie reçut deux perles que lui offrait Maria-Eutokia. Il a osé dire que ce présent, connu de tout Mangarèva, ne lui venait pas de la Reine, et que, d’ailleurs, les perles qui le composaient étaient fausses. Sans doute cet ex-commissaire impérial pense qu’aux îles Gambier l’on fabrique des perles de même qualité que ses accusations !

Quelques belles perles, deux ou trois, croyons-nous, furent envoyées à Sa Majesté l’impératrice Eugénie.

Nous ignorons si elles lui sont parvenues. Mais ce que nous savons, c’est que Sa Majesté, dont le cœur est accessible à la prière des plus humbles, s’intéressa en faveur des Gambier, et que M. de la Richerie n’a pas craint d’affirmer que les démar-