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DE L’ELBE AUX BALKANS

de son pays, M. Jelinek a donné à Prague des études sur nos écrivains, a fait représenter dans d’admirables traductions nos meilleures productions dramatiques ou a magistralement interprété en tchèque nos poètes contemporains. Son amour pour la France et sa culture paraît parfois si exclusif à ses compatriotes qu ils Fen plaisantent. Il me souvient d’une caricature où M. Jelinek, armé d’un parapluie, répond à quelqu’un qui lui fait remarquer l’inutilité de cet encombrant objet par un si beau soleil : « Oui, mais il pleut à Paris. »

Il va de soi que j’accepte avec empressement l’aimable invitation. Mme Jelinek, qui est un peintre de valeur, nous accompagne.

Tressautant sur le pavé des rues, l’automobile nous fait traverser des quartiers industriels pour, ensuite, gravir une des parois de la cuvette où baigne Prague. Du haut du plateau où nous arrivons, la vue découvre, dans un brouillard de fumée, un large panorama de cheminées. Les statistiques disent que la Tchécoslovaquie détient près de 80 0/0 des entreprises industrielles de l’ancienne Âutriche-Hongrie. On le croit volontiers, en apercevant toutes ces usines au travail, et quand on constate, en outre, l’esprit d’ordre qui préside à la politique de la jeune république, on n’est pas surpris de l’avoir vue si promptement se relever des suites de Feffondrement austro-hongrois.

De chaque côté de la route bordée de pruniers et de cerisiers, un paysage où rien ne retient le regard défile sous nos yeux. C’est une immense étendue de cultures descendant en pente douce vers la plantureuse vallée de l’Elbe, grenier de la Bohême et grand fournisseur des sucreries tchèques. Les villages que nous traversons ont un aspect cossu, avec leurs maisons badigeonnées