VERS PRAGUE EN FÊTE
Avant la guerre, aucun train direct ne reliait Paris à Prague. Il fallait, par deux fois, descendre en cours de route. Les traités de paix ont changé cela. Embarqué à la gare de l’Est, on ne quitte plus le compartiment qu’à Prague. C’est un progrès, mais il prolonge le voyage de trois heures, puisqu’il fallait, malgré les changements de train, vingt-quatre heures avant 1914 et qu’il en faut vingt-sept aujourd’hui. Beau sujet de récriminations pour ceux que ne satisfont pas les traités de paix qui ont bouleversé l’Europe centrale. Il y en a un parmi mes compagnons de route. Est-il Français, Belge ou Suisse ? Je n’en sais rien. Tout ce que je sais, c’est qu’il parle notre langue comme vous ou moi et que, je m’en aperçois lorsqu’il s’adresse à un employé allemand, il parle tout aussi correctement la langue du président Hindenburg.
— Depuis qu’on a chambardé toutes les frontières, se lamente-t-il, il devient pénible de voyager dans cette région-ci. Songez au nombre de visas qu’il faut pour aller seulement de Paris à Belgrade en passant par Prague.