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DE L’ELBE AUX CARPATHES

nous avons eu le temps d’apercevoir, sur leur coteau entouré de verdure jaunissante, la silhouette de la basilique et les ruines du vieux château. Puis ce sont, coupant court à nos discussions, les formalités, d’ailleurs rapides, du contrôle des passeports et de la visite douanière. Les employés des chemins de fer bavarois, d’allure militaire, quittent notre wagon. Ils sont remplacés par des employés tchécoslovaques : la langue tchèque succède à la langue allemande.

Cependant, au-dessus de nous, une escadrille d’avions militaires tchécoslovaques évolue, suivie par les yeux curieux de nombreux voyageurs, L’attention est si absorbée qu’il faut, le signal donné, pousser les spectateurs vers leurs wagons.

Passé Marianské Lâznê, la célèbre station thermale (autrefois Marienbad), le train serpente le long d’une pittoresque vallée çà et là plantée d’usines, laquelle, s’élargissant en entonnoir, nous amène à Plzen (Pilsen).

Avant d’aborder la station, notre convoi longe les vastes ateliers des établissements Skoda, qui enserrent la voie des deux côtés. C’est de là, on s’en souvient, qu’est sortie l’artillerie lourde qu’au début de la guerre l’Autriche mit au service de l’Allemagne. La paix signée, l’Autriche-Hongrie écroulée, on crut bien que cette immense métropole de l’acier allait disparaître. Ses maîtres viennois n’avaient plus de quoi l’alimenter ; les Tchèques, épuisés par l’effondrement de la monnaie laissée par leurs anciens oppresseurs, n’avaient pas les moyens de s’en rendre possesseurs. Fort heureusement, l’appui français vint à temps apporter son concours et aider aux transformations nécessaires. Grâce à la collaboration du Creusot, le grand pourvoyeur autrichien de la guerre put ainsi devenir un des éléments du pacifique relèvement économique de la Tchéco-