Page:Chopin et Sand - Lettres, éd. Sydow, Colfs-Chainaye et Chainaye.djvu/58

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ouvrir sa malle et à changer de chemise en attendant qu’on obtienne de la douane la permission de faire entrer des souliers et des mouchoirs de poche. Voilà donc quatre jours seulement que nous allons de porte en porte demander à ne pas coucher dehors, et nous espérons dans trois jours être installés, car un miracle s’est opéré en notre faveur. Pour la première fois de mémoire d’homme à Mallorque, une maison meublée s’est trouvée à louer ; maison de campagne charmante dans un désert délicieux mais le propriétaire, juif à ce que je crois, nous fait marchander… Le bateau à vapeur d’aujourd’hui vous portera ma lettre seulement, ce qui ne charmera pas Buloz, mais le prochain bateau (il en part un par semaine) portera mon manuscrit au consul de Barcelone pour le faire passer à Buloz par la voie la plus courte et la plus sûre.

Mais, malgré les promesses de toute navigation, les vents et les flots de Neptune peuvent retarder l’envoi car quand le vent du nord souffle sur Palma, on y est bloqué. Cependant quoiqu’il arrive, la fin de Spiridion n’y manquera que d’un No si elle manque toutefois. Je mets tout au pire.

Voilà de nos nouvelles. En attendant, Buloz fera la grimace ; vous qui n’êtes point éditeur, mais une petite amie bien gentille et bien aimable, vous m’en saurez gré et vous prierez pour que l’hiver nous soit favorable car les cheminées sont totalement inconnues à Mallorque. Jusqu’ici Maurice va très bien. Il s’amuse comme un bienheureux. Sans les mosquites [moustiques], nous serions tous délicieux. Mais nous avons tous la figure et les mains tachetées comme des truites, et nous nous grattons comme des… suffit.