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les chers confrères

… un bon jour, sa femme me propose une consultation avec M… j’accepte tout de suite ; ça m’était bien égal, il n’y avait ni deux diagnostics ni deux formes de traitement au sujet de sa maladie. Or voilà mon M… qui arrive, aborde mon malade, le tâte, l’ausculte, le sent, le renifle, et au bout d’un moment, il m’interpelle : Y a-t-il de l’acétone dans ses urines ? Avez-vous examiné ?

De l’acétone… de l’acétone… diable ! …je savais que ça se rencontrait, j’hésite : Non, je n’ai pas examiné. Mais lui, fouillant tout de suite dedans et dessous les meubles et dardant, comme une lentille de microscope, un œil connaisseur dans le vase de nuit : Sapristi ! oui il y en a… de l’acétone, de l’acétone vraie.

Je restai embêté, humilié devant la famille qui, elle, était éblouie. Je n’avais pas vu d’acétone, tandis que lui, à trois pieds, en clignant simplement l’œil…

Ce ne fut qu’une fois retourné chez moi, en consultant mes livres, que je découvris combien je m’en étais moi-même laissé effrontément imposer par son ton convaincu et connaisseur, mais le coup était porté et la confiance de la famille Lecours passablement émoussée à mon égard… Vous pou-