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le Dr la galette

— En effet, répliqua Th’ ophile, il m’est autrefois arrivé un maudit tour ; je vais vous le conter.

Il secoua les cendres de son brule-gueule, toussa, rapprocha sa chaise, étendit sa jambe de bois :

Donc, il y a déjà de ça une bonne quarantaine d’années, j’étais parti pour Montréal avec une forte charge de produits de ferme.

Des œufs, du beurre, des légumes, du grain, un peu de patates, une vraie cargaison, quoi !

Chaque « habitant » faisait ainsi autrefois. Tout se vendait à la ville, et bien plus cher que maintenant… tuxe !

Aussi c’était une corvée, que j’ vous dis, à chaque fois ; nous en revenions éreintés.

C’eut été alors une folie de vendre ses produits dans notre village. Celui-là qui l’aurait fait, ah ! bien ouitche, eut passé pour un paresseux, un flandrin…

À cinq heures j’étais donc installé sur le marché.

Ça n’allait pas beaucoup, tuxe !

Les patates, les œufs, un peu, quand au reste et, j’avais du grain, que je vous dis, messieurs, de l’avoine, première qualité.

J’attendais.