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le lit no 38

Déjà, d’ailleurs, la maladie venait s’ajouter à son chagrin et à ses remords, et il ne lui resta bientôt plus qu’une suprême alternative : l’hôpital.

Elle alla donc à l’hôpital et c’est là, qu’après l’avoir connue heureuse, fêtée, le sourire aux lèvres, je la vis demander en vain à l’art et à la charité le retour de ses heures de bonheur et de gaieté d’autrefois.

Tout échoua.

Dans un travail de termite rongeant l’idole, la phtisie incessante s’acharna, à ronger cette poitrine de Française, notre sœur d’il y a un siècle.

Eut-elle, dans ses longues nuits d’insomnie et de fièvre, conscience un instant de la gravité de son état ? Je ne le crois pas… Non, pas même en ce jour d’ennui et de noire tristesse où elle m’avait longuement raconté son enfance, sa jeunesse, ses amours fous, toute sa vie, toutes les choses de sa famille et de son coin de pays si loin.

Elle voulait encore me retenir auprès d’elle, à côté de son lit, pour me dire comme elles étaient jolies les collines et les prairies de là-bas, comme les genets sentaient bon… Ah ! on n’en avait pas ici de vignes et de