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c’est c’t’anglais

Ce n’était pas un anthropophage notre Joachim ; il n’aurait pas avalé une femme toute crue, mais par tranche, comme ça, sautée au patchouli ou à la lavande, il y essayait ses dents de temps à autre.

Le malheureux, le guignon l’avait obligé à faire ses études dans une institution où « l’on enseigne la philosophie dans des dictionnaires de bois, — comme disait le défunt Bohémier qui existe encore, — et il n’avait pas suffisamment appris l’anglais.

À preuve que le premier jour où il se risqua à converser dans cet idiome, il commit une bourde… mais une bourde…

C’était justement par une de ces soirées tapageuses où les étudiants ces éternels rieurs, — tout à la folie et à la gaieté, paradent à travers les rues.

Joachim, émoustillé lui aussi par l’entrain général, le cœur aiguillonné par la sentimentalité, se sentit lancé tout à coup et pris de toutes les audaces ; tellement qu’on le vit subitement quitter les rangs pour s’en aller offrir son bras à une élégante jeune Anglaise très chic et très jolie qui trottinait de l’autre côté de la chaussée.