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le lit no 38

sions, lui faisant espérer la santé prochaine. … si peu de fièvre, presque plus, quand mon thermomètre indiquait. toujours 102°, 103°… et elle, la pauvre, toujours prête à me croire, à me dire qu’elle se sentait mieux, plus forte.

L’expectoration et la cachexie augmentaient ainsi que la maigreur ; ça ne pouvait pas durer longtemps.

Or un matin d’un lundi de mars, en jetant les yeux dans ce coin de salle, au No. 38, où je la voyais ordinairement se soulever du coude pour tousser plus à l’aise, j’eus froid au cœur… le lit était vide.

On avait déjà changé les oreillers, le couvre-lit, enlevé les potions, les débris d’écorces d’orange toujours déposés sur son étroit guéridon… Plus rien ne restait d’elle, ni ne la rappelait, jusqu’à sa carte d’admission arrachée aussi de la muraille blanche.

L’interne de service me dit qu’elle était morte la veille, à onze heures, sans effort, comme un oiseau qui cache sa tête sous son aile. Quelqu’un était venu l’enlever, il ignorait qui, peut-être son mari ? — un étranger ? peut-être pour l’amphithéâtre de dissection ? — il ne le savait pas.

Et pourtant c’était vrai qu’on était venu l’enlever : les funérailles avaient