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les sauvages

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Parmi nos robustes et hospitalières populations campagnardes, « les sauvages » viennent souvent faire des excursions, quelquefois nuitamment, quelquefois hardiment au grand soleil.

Je crois même qu’il en existe tout un campement, parfaitement au courant des êtres, embusqué en permanence quelque part, dans une certaine anfractuosité caverneuse de ma montagne, car l’autre dimanche, ces effrontés-là ont poussé l’audace jusqu’à descendre au village, en pleine foule attroupée pour la messe, et se sont introduits sans façon chez mon voisin Lanctôt.

Je fus vite averti de l’événement. … Oh ! mes amis, quels fameux lâches que ces sauvages ! et comme ils savent bien toujours ne s’attaquer qu’à de pauvres femmes inoffensives… car ça ne me prit pas un quart d’heure, ma foi, pour les faire déguerpir. tout penauds, à travers les champs d’avoine et les vergers.

À mon retour, Pomponne, qui me guettait, me demanda d’un air curieux : — Ils ne t’ont pas fait bobo, n’est-ce pas, son père ?

— Non, va, repris-je ; ils se sont enfuis tout de suite.