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avec mes chiens

l’esprit ; et quels détails que ceux de mon pays !

Oh ! que je vous plains malheureux médecins de ville, tristes enfumés, chevaliers empoussiérés du tramway et du trottoir, de ne pouvoir, suivant le caprice, vous plonger dans cette atmosphère de cèdres résineux et de fougères aromatiques qui embaument ma montagne.

Que je plains aussi vos chiens… quand vous en avez. Ne dirait-on pas qu’ils sentent peser à leurs cous tout le prix dont vous taxez leur liberté et ne paraissent-ils pas ennuyés de n’avoir à lever la patte que sur des coins de maisons ou sur d’immenses poteaux sans écorce ?

J’ai bien pensé à tout ça en route ; mais c’est surtout après être parvenu sur un certain plateau de rocher, où un sapin, brisé dans ses racines par la tourmente, était venu s’abattre et offrait son tronc séculaire en appui à mes épaules fatiguées par une montée incessante de plusieurs cents pieds, que j’y ai plus profondément songé.

J’ai pu en même temps admirer un tableau féérique. Lentement comme ça, on ne sent guère l’élévation constante du terrain et tout à coup, dans une éclaircie, on est surpris de voir les maisons rapetissées en châteaux