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la petite lise

ments de vivre, les visions d’avenir sans but qu’elle se représentait, répudiée. honnie, montrée du doigt. — Dieu lui pardonnerait peut-être, jamais les hommes, et quand sa mère le saurait, surtout sa mère… Et pourtant, non, « elle n’était pas mauvaise fille… non, elle n’était pas mauvaise fille »… elle me le redisait sans cesse, pour bien m’en convaincre, en syllabes hachées par les pleurs.

À ces réflexions pénibles, je vis jusqu’à quel degré de profondeur d’abîme son esprit s’était enfoncé ; avec quel remords elle avait analysé sa honte dans ses aspects les plus inimaginables. Et ce fut avec un accablement pitoyable qu’elle me murmura à travers ses larmes : Il faut que vous me sauviez.

En effet, oui, la sauver, J’entrevoyais un moyen… C’était déjà répandu dans mon canton que cette pauvre petite Lise souffrait d’une tumeur. Sa vieille tante avait naïvement annoncé la chose. Eh ! bien, je confirmerais tout simplement la rumeur. … Et finalement je ferais l’opération, quoi !

En m’entendant lui expliquer comment je songeais à me faire son complice, de quelle manière j’espérais ourdir une mise en scène qui dérouterait