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XXII


— Viens, Gardien… viens mon pauvre Gardien…

Et Claude allongea le bras dans un mouvement de caresse.

Lui, le bon chien, tendit sa tête baissée, les yeux clignés, comme dans un délice exquis de sentir peser sur son poil roux la main de son maître. Il se frôlait, se glissait sous la caresse comme pour la lui remettre, avec un air de dire : je t’aime bien, va, moi aussi.

— Viens Gardien… mon bon chien…

Alors ils étaient partis ensemble à travers les champs, à travers les arbres, à travers les fougères et les framboisiers.

Où allaient-ils bien ? Ni l’un ni l’autre ne le savaient. Claude avait mis son fusil sur son épaule simplement pour donner à sa mère, quand elle reviendrait des vêpres, une apparence d’explication à sa course improvisée dans les bois. Le vrai est qu’il voulait se remuer, s’agiter, fuir, se dérober d’une manière ou d’une autre aux tristes pensées qui l’obsédaient.

Chez lui, au dedans ou autour de sa maisonnette tranquille, il y avait toujours des regards qui semblaient l’épier, des ombres et des visions soudaines qui le poursuivaient.