Page:Choquette - Claude Paysan, 1899.djvu/144

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XXXI


Depuis, ils s’étaient rencontrés, une fois, par hasard, car on aurait dit qu’ils se fuyaient tous deux à présent, Fernande et Claude.

Fernande n’allait plus que rarement chez la vieille Julienne et seulement à des heures où elle savait ne pas le trouver. Et quand elle le voyait venir, c’est elle maintenant qui se sauvait derrière les arbres du jardin. Pourtant, bonne comme le sont toutes les femmes, elle souffrait au fond de son cœur de penser à la douleur qu’elle devait lui causer. Et souvent elle réfléchissait longuement à toutes ces choses.

… Ah ! si elle n’avait pas craint d’exciter davantage l’amour de Claude, elle lui aurait bien expliqué, fait comprendre la folie qu’il faisait de l’aimer… Elle n’aurait pas invoqué leur différence de condition ou d’éducation, non, rien pour l’humilier, mais elle aurait trouvé d’autres raisons qui l’auraient consolé et convaincu en même temps peut-être… Elle l’estimait beaucoup sans doute, mais à quoi lui serait-elle utile ? ne sachant pas travailler, puis faible, bonne à rien du tout… Elle n’en avait jamais parlé, jamais, mais s’il l’entendait tousser le matin… On ne le savait chez elle parce qu’elle se cachait, étouffait ses harassantes quintes de toux ; aussi il ne fallait pas le leur apprendre… Non, va, elle ne se marierait jamais. ..