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Claude Paysan

« Elle est en bonne santé toujours ta mère et toi aussi ?… Et comment va Julie Legault et Sophie et Poléon et Toinette… et Jos ? Tu les salueras de ma part, surtout Julie,… tu me dois bien ça, car c’est un peu à cause de moi vos raccordailles, tu sais, le soir du bal… Continues-tu à lui faire bonne façon ? Par exemple ne vas pas te marier avant mon retour, car je veux être de la noce… »

Dans ces dernières lignes, Claude hésitait, lisait lentement, se sentant entraîné sur un terrain brûlant et son œil tâchait d’empiéter sur les mots pour les juger à l’avance… Si Jacques allait parler de Fernande…

« Moi, je ne pense pas beaucoup aux filles ; d’ailleurs, quand je le voudrais, il n’y en a qu’une dans tout le campement, une grande Écossaise rousse qui ne fait pas envie, va…

« En effet, avant mon départ, j’avais prêté mon fusil à Louison Doré, tu devrais bien le lui réclamer et me le conserver en attendant mon retour… et si je ne retournais jamais eh ! bien, je t’en fais le « légataire, »… C’est-il de même que le notaire Courtemanche dit ça ?

« Écris-moi immédiatement une longue lettre ; tu ne saurais croire combien j’ai hâte d’avoir de tes nouvelles.

Ton toujours dévoué ami,


JACQUES,

P. S. — Embrasse bien ta bonne vieille mère pour moi. »