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Claude Paysan

garde, Claude, celui-ci était pris comme ça, par la patte… celui-là, le gros au fond, par la tête…

Mais ceux-ci ne chantaient plus, ne faisaient plus pit… pit… Ils se tenaient blottis, les plumes hérissées, tout tristes, l’air pitoyable. De temps en temps, dans leur brusque désir de s’échapper, ils se mettaient à se débattre follement, se cognaient rudement aux barreaux de la cage ; des fois ils se tenaient suspendus au plafond par les grilles, en haletant très vite, ce qui secouait toutes leurs plumes grises.

Il y avait déjà quelque chose de profondément navrant dans cette détresse…

… Veux-tu, p’tit Louis, disait maintenant Claude, nous allons les relâcher ?

— Les relâcher ?… moi qui voulais les garder toujours.

— Oh ! mais c’est qu’ils vont mourir.

— Ils vont mourir ?… Vrai ? Ça ne vit donc pas dans une cage des moineaux…

— Non, ça ne vit pas… Veux-tu, nous leur donnerons leur liberté ?… Ouvre la porte, tu vas voir comme ils vont être heureux…

— Bien vrai que ça ne vit pas, Claude ?… Et p’tit Louis retenait un sanglot dans sa voix… Son bonheur qui s’évanouissait si vite.

— Bien vrai… Puis c’est mal ce que tu as fait là… Regarde comme ils sont tristes, les pauvres…

Alors avec une douce et tendre résignation :

— C’est bon… ouvre-la toi, la porte…

… Et ils s’étaient envolés dans un éclair, les moi-