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Claude Paysan

la chaude réverbération du soleil, parmi la poussière et les feuilles tombées.

Cela seul était déjà très touchant.

Partout, le temps y avait déposé sa rouille, mais une rouille de surface seulement qui ne mordait point la charpente, comme si la petite église soutenait une lutte sourde où elle n’aurait pas encore eu le dessous ; et, à l’extérieur, les pierres polies de ses murs, les plombs de son toit, avaient pris une teinture roussâtre qui lui donnait l’apparence d’être faite toute en granit rouge.

Dedans aussi, son air de vétusté, accusé par les escaliers frustes, les rebords usés des banquettes, ne lui enlevait rien de son charme.

C’est vrai qu’il y avait bien dans le chœur un très grotesque assemblage de statues naines et noircies qui gâtait quelque peu le cachet de grandeur du lieu.

Ces statues, dévernies par l’usure du temps, avaient été gauchement repeintes avec des expressions bizarres et fausses. C’étaient des Mater Dolorosa qui avaient plutôt l’air de rire, des Madones à méchants sourcils, des Christs grimaçants, disposés là sans art, sans goût, comme au hasard, par quelqu’ancien bedeau.

Et ces laideurs étaient là depuis si longtemps que les pauvres paysans n’y prenaient plus guère garde quand ils priaient ; ils ne s’adressaient qu’au vrai Christ et qu’à la vraie Madone.

Ce côté grotesque était d’ailleurs merveilleusement racheté par certains vieux tableaux que les longues années avaient embués de leurs poussières, mais