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XXXIX


Le lendemain, premier juin, Fernande avait écrit dans son ancien cahier de couvent :

« Encore un de mes bonheurs qui s’en va.

Ça me rappelait les plus heureux moments de ma vie de chanter, — dans notre humble et vieille église, comme autrefois dans ma petite chapelle de couvent — des naïfs cantiques en l’honneur de la Vierge Marie, mais hier soir, j’ai bien compris que ma pauvre poitrine fêlée ne le pourrait jamais plus, jamais plus.

Oui, ce bonheur aussi s’en va.

Je me sens mieux aujourd’hui, il est vrai ; mais réellement, hier, j’ai cru que j’allais mourir, C’était comme si l’on eut roulé une pesante meule sur ma poitrine. En dépit de mes efforts, je sentais ma voix s’éteindre insensiblement.

Un moment pourtant, j’ai espéré résister tant je luttais de toute la force de ma volonté, mais dans l’émotion de prononcer ces mots si vrais : « Hâte-toi, viens sauver mes jours, » ma voix s’est soudainement brisée. C’est alors que tout parut s’évanouir autour de moi au fond d’un vide morne où je me sentais crouler moi-même.

Et je suis tombée, écrasée, sans force, sans souffle. Dans un éclair, j’ai pu entrevoir tout le groupe indifférent des assistants qui me regardaient curieusement. Je suis au moins certaine de la pitié de l’un