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Claude Paysan

parler un peu de Claude… Je ne sais ce que l’affection secrète de ce jeune homme éveille chez moi ; j’éprouve quelque chose que je n’ai jamais ressenti auparavant, et ça me fait plaisir rien que d’entendre p’tit Louis prononcer son nom devant moi, me raconter ses allées et venues, ce qu’il fait, ce qu’il dit, et, en essayant aujourd’hui, malgré ma faiblesse, de me rendre chez la vieille Julienne, je crois que j’obéissais à un vague instinct de mon âme qui me poussait inconsciemment.

« Tout à l’heure encore, quand j’ai fait signe à p’tit Louis de venir me rejoindre sous les arbres, j’ai pensé à Claude tout de suite ; c’est qu’il me fait pitié aussi, le pauvre jeune homme.

Je n’ai pas été obligée, cette fois, d’en parler la première ; c’est p’tit Louis qui a commencé…

Qu’est-ce qui a bien pu se passer pour qu’il les ait trouvés, l’autre jour, à pleurer tous deux, Claude et la vieille Julienne ? — Peut-être que… peut-être… oui, je n’aurais pas dû lui faire remettre ces deux pauvres marguerites… par sa mère. Pourquoi l’ai-je demandé aussi ?… C’était les mettre en présence sur un terrain si sensible…

… « Julie Legault, son ancienne amoureuse, est mariée de ce matin avec je ne sais plus qui de la paroisse voisine… Ce n’est pourtant pas sans qu’elle ait tout fait pour le reconquérir… L’a-t-elle assez poursuivi partout, la pauvre ?… Tout dernièrement encore… Moi, que ça ne regardait pas, j’en étais presqu’agacée