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XLIII


Ils n’osaient plus maintenant, ni le docteur, ni les amis, ni même sa mère, lui redire leurs encouragements menteurs d’autrefois. Ça sonnait si ironiquement faux qu’ils n’en avaient plus le courage.

Quant à Fernande, sans vouloir aucunement y croire d’abord, à ces fausses paroles d’espérance, elle éprouvait maintenant une satisfaction véritable, qui se traduisait par un léger sourire, involontaire et spontané, quand quelqu’un se risquait encore à lui conseiller d’avoir confiance en l’avenir.

Il s’était fait une transformation dans son caractère.

Autant elle dédaignait la vie à ses heures de santé et de jeunesse, autant elle était prête maintenant à s’accrocher à toutes les leurres qu’elle imaginait dans l’illusion de ses longs soirs.

Elle ne s’abusait point tout à fait cependant. Ses mains et ses bras décharnés, son mouchoir tacheté de sang, la convainquaient trop, et s’il lui venait souvent de ces élans sincères vers la vie, elle se rendait bientôt à la navrante réalité.

Mais à ces moments-là, où elle se reprenait à demander de ne pas encore mourir, son regard avait des reflets de déchirante supplication ; elle murmurait des mots touchants de prière… Plus tard, c’est bon, elle serait prête…