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Claude Paysan
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venirs, celui-là qui me rappelait ton bonheur, me consolait le plus… Même… même… et ici, Jacques souriait pour le dire, — j’avais presque peur à mon arrivée de te trouver marié avec ta danseuse de ce soir-là, la belle… Julie Legault, je me souviens…

Claude ouvrit la bouche… mais non, il restait hésitant, les lèvres tendues… Décidément, cette confession lui coûtait trop et il ne dit rien.

Puis, sous le réveil d’une autre pensée qui lui venait, il reprit :

— Parlons de toi, plutôt… Et comme ça, tu reviens pour de bon… tu ne repartiras plus jamais ?…

— Non, jamais.

— Puis as-tu amassé de l’or… beaucoup d’or… comme tu le rêvais avec tant de certitude et de conviction ?… Es-tu riche ?…

— Oui, mon pauvre Claude, je suis riche, va, très riche à présent, de cette seule richesse, par exemple, qui est le bonheur… c’est la meilleure… Mais ma fortune ne date que d’aujourd’hui, de l’instant où j’ai revu notre vieux clocher, notre montagne, où j’ai reconnu sous mes pas le délicieux bruissement des feuilles d’érable du pays, où j’ai senti ton cœur battre près du mien…

— Ta fortune d’autrefois, alors ?… seulement, tu ne la connaissais pas… Et que comptes-tu faire ?

— Voyons, n’ai-je pas encore mes deux bras, musculeux et robustes, prêts à recommencer les pan… pan… pan, à manier la faux, le râteau ? Tu ver-