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Claude Paysan
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Comme il avait été heureux de lui entendre dire qu’il ne repartirait plus jamais, jamais… Oh ! il l’aimait beaucoup… Dong… et sa vieille mère aussi… Il avait été bien près, l’autre jour, de lui confesser tous les sentiments secrets de son âme… il en aurait peut-être éprouvé du soulagement… il regrettait maintenant de ne pas l’avoir fait… Dong… Plusieurs fois déjà, il en avait pris la détermination, mais il n’osait jamais… Ce n’était pourtant pas lui, le pauvre Jacques, qui aurait songé à rire en l’entendant… La prochaine fois…. Dong… dong… dong…

Puis, une volée de cloche qui continuait, ondulant, selon les bouffées de vent, entre des diminuendo très tendres et de terribles sforzando. Et tout de suite, un silence lourd, immense, à travers lequel les sifflements des rafales passaient.

… L’Angelus peut-être…

Claude avait relevé son front, tous ses muscles respiratoires en suspens, pour écouter.

Puis de nouveau… dong… dong… frappé en sourdine, martelé à coups de battant lugubres…

Claude s’était redressé… Il avait très froid tout à coup ; un frisson subit le secouait, faisait claquer ses dents… Dong…

Il vit que c’était le glas… le glas sinistre, cent fois plus sinistre encore quand il se double d’un tel déchaînement de tempête… C’était le glas qui tombait avec une sorte de cadence lente, grave, solennelle, inexorable, comme des coups de cognée sur un chêne.