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Claude Paysan

le vent affreux qu’il faisait, qui secouait violemment les canots en tous sens avec des chocs pour rompre les amarres… Dong…… Il descendait toujours…

— Où vas-tu donc, Claude ? demandait p’tit Louis…… En chaloupe ? oh ! amène-moi « prendre les lames » avec toi… veux-tu ?…

Gardien aussi, avec une allure pleine de caresses, se frôlait dans les jambes de Claude, jetait en le suivant de petits jappements singuliers qui semblaient implorer la même faveur… Dong……

P’tit Louis le suppliait presqu’avec des larmes.

— Amène-moi donc, Claude ; hein ? veux-tu, Claude ?

Mais celui-ci, très bon, lui répondait doucement en lui jetant un regard de pitié :

— Pauvre enfant… ne vois-tu pas la houle épouvantable, les affreuses bourrasques ?… c’est dangereux va… Je ne fais que traverser la rivière d’ailleurs, et il fait presque déjà noir… Dong…

En même temps il s’efforçait de pousser son canot au large, mais le vent le rejetait toujours malgré lui sur la grève, dans un jaillissement d’écume et d’embruns furieux, comme si une main l’eut constamment rattaché au rivage. À un de ces moments, Gardien, qui hurlait tristement, avait dans un clin d’œil sauté dans l’embarcation et s’était écrasé sous un siège.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

… Dong…… Claude triomphait… La main avait lâché le canot… Elle paraissait même le repousser maintenant, car très vite, dans des clapote-