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Claude Paysan

… Hou… hou… c’était tout près. P’tit Louis soulevait le fanal au bout de son bras pour mieux éclairer… Ils distinguaient les arbres, les arbustes de la côte, la côte elle-même… Ils entendaient nettement, comme un bruit de tombereau de pierres qu’on décharge, le vacarme rauque des flots qui s’y brisaient. Une dernière vague plus furieuse les enleva et les précipita sur la grève parmi des racines d’arbres.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Dans le jet de lumière… une ombre se découpait ; Gardien, qui hurlait en face d’une autre ombre noirâtre, en relief indécis sur le sable et l’écume sale du rivage…

Encore dans les ronces, les ajoncs morts, les pierres, les branches cassées, les débris disparates des grèves… lentement… la vieille Julienne se traînait… Elle ne pouvait presque plus avancer, suivre Jacques… elle se retenait en passant aux branches qui pendaient… Elle avait peur… très peur. … Gardien essayait d’arracher cette masse hors de l’eau… Il tirait de ses dents en s’arc-boutant, mordait… c’était dans des habits qu’il mordait…

Alors auprès, tout de suite, ce fut un cri égorgé de louve et la pauvre mère Julienne, effondrée, les genoux dans la boue, s’abîmait sur la poitrine de son fils.

Claude… oui… c’était Claude.

Jacques lui soulevait la tête ; sa bouche, ses yeux, étaient remplis de sable et de vase ; de ses longues mèches brunes si belles, plaquées sinistrement aux