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XI


On était déjà en août.

En août, l’époque des blés murs, des cerises fauves, des framboises savoureuses.

De partout dans les champs, apporté par les brises, glissant sur les flots d’épis, tremblant sur les feuilles, on entendait un singulier bruit, métallique et cristallin à la fois. D’abord aigre et grinçant, il s’achevait subitement en rapides vibrations musicales.

Puis à chaque instant ce bruit se répétait de tous côtés, comme un grincement régulier de lime. Et se mêlant aux cris des cigales, cette petite musique drôle finissait par bercer et étourdir.

En effet elle berçait les faucheurs, car, à chaque coup en dzing-dzing de leurs longues faux luisantes dans les grains, ils se balançaient avec des hans ! profonds d’accablement.

Claude en était de ces faucheurs. Depuis le matin dans son champ, il faisait de son côté sa musique claire et vibrante et ses hans ! sourds.

Au midi, une autre musique plus puissante courut en ondulations retentissantes au-dessus de leurs têtes. Ils déposèrent alors leurs faux sur les andains, tirèrent leurs larges chapeaux de paille, et la tête inclinée, ils s’étaient mis à réciter l’Angelus.

Tous les jours, du petit campanile de leur vieille église, des sons joyeux de cloche s’échappaient ainsi