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Claude Paysan

sous les rafales tièdes. Cependant, — chez lui comme chez la plupart des paysans qui ne faisaient alors simplement qu’un acte de recueillement et d’humilité — il y avait déjà quelque chose de suprêmement majestueux et de touchant rien que dans l’attitude.

Angelus… Ensuite, machinalement, souvent sans déranger le cours de ses idées, il reprenait son outil de travail et se remettait à la tâche.

Comme Claude tenait encore son chapeau à la main, qu’il y avait tout droit devant lui, le long de la haie, un cerisier dont les branches pendaient courbées sous le poids des grappes savoureuses, il pensa à sa mère…

Il lui ferait ce plaisir, en allant dîner, de lui apporter des cerises ; et en hâte, tête nue, il abaissait les branches, en arrachait les grappes, avec des feuilles parmi, à pleines mains.

Maintenant qu’il avait rempli son chapeau, il s’en allait du pas fatigué et distrait du paysan. Pour atteindre plus tôt le grand chemin, il longeait depuis quelques instants un bout de sentier caché sous les arbres… Soudain, il entendit tout près comme le souffle doux d’une haleine d’enfant :

— Bonjour, monsieur Claude…

Oh ! cette voix qu’il reconnaissait ! elle lui fit peur… Il sursauta et se mit à trembler, ne sachant que faire, honteux et embarrassé de son chapeau plein de cerises. En même temps, c’était comme un bruit de galop rapide dans sa poitrine. Il aurait voulu fuir… mais il ne le pouvait pas… ces deux grands yeux bons et vifs qui le regardaient en souriant.