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XVIII


Des caravanes gaies et rieuses de jeunes garçons et de jeunes filles passaient.

Les unes à pied, celles des environs ; les autres, venues de loin, au trot rapide des chevaux. Toutes enveloppées de chaudes fourrures, à cause du froid sec qui pinçait dans cet éblouissant lever de lune d’hiver qui éclairait, comme en plein jour, l’étendue uniformément blanche des plaines et les longues parallèles luisantes des routes glacées.

Ils s’en allaient tous au bal, ces jeunes gens, à un bal de mardi-gras depuis longtemps attendu chez le père Legault. Ceux qui arrivaient reconnaissaient de loin les retardataires par le son des harnais dont les grelots tintinnabulaient clair dans la limpidité de l’atmosphère.

— Tiens… v’là le grand Nicholas… Non, c’est Poléon Ribaud… C’est Thomas… c’est Louison…

Avant d’entrer, tout en secouant de leurs habits et de leurs moustaches le grésil et le givre, ils se parlaient ainsi entre eux. En même temps, ils reluquaient un instant par les fenêtres pour connaître les invités déjà arrivés… En les voyant, ils se traçaient d’avance des plans d’amusements, jugeaient le genre de plaisir à avoir.

Personne ne manquerait ce soir, car elles y viendraient toutes, les plus infatigables danseuses