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Claude Paysan

Les autres riaient, applaudissaient à sa verve endiablée, à ce comique sans-gêne qui dans ces réunions-là en faisait un boute-en-train fameux et jetait partout un air de gaieté.

Ce n’était pourtant pas pour amuser les autres… ouah ! non… c’était pour s’amuser, lui, blaguer, lutiner les plus belles filles, leur faire tout haut des déclarations brûlantes, afin de faire rager leurs cavaliers, pour rire enfin.

Malgré ça, ou peut-être pour ça, quand, dédaigneux soudainement, il changeait sa figure, prenait son air sérieux et ennuyé, personne ne parvenait plus à ramener l’entrain.

Claude, qui depuis le commencement de la soirée parlait sagement avec ses voisins, sans envie de beaucoup s’occuper des danseuses, malgré leurs visibles avances, s’était levé tout à coup à la fin, comme disposé à entrer en danse à son tour ; et ceci avait rendu Jacques tout fier. Car, ça lui gâtait peu à peu sa joie de voir comme toujours son ami si indifférent aux folies du bal ; il en ressentait du chagrin de tant rire, lui, quand Claude semblait si peu s’amuser.

Il l’avait souvent très vite regardé, pendant la veillée, et en le voyant une bonne fois debout, il était accouru au devant de lui, entraînant à son bras presque sans s’en apercevoir, sa dernière partenaire de sauterie, Julie Legault. À Claude, son ancienne expression, rayonnante et rieuse, était subitement revenue. Il paraissait tout à fait plein de gaieté lui aussi, l’air décidé.

— Tu viens danser, n’est-ce pas ? lui dit Jacques