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Page:Choquette - La Terre, 1916.djvu/112

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cela me fait de le savoir disparu de son parc… Il me semble que Lucas n’aurait pas dû… mais selon que tu le soupçonnes toi-même, il n’était plus libre. »

— « Alors, c’est simplement pour en redevenir le maître ; le rendre de nouveau à Lucas ?… » Je comprends bien ça, allez, père de Beaumont. C’est comme pour la vieille Grise que j’ai été obligé de vendre, l’an dernier, à Rémy… Croiriez-vous que je ne passe pas une fois chez lui sans la chercher tout de suite des yeux, sans examiner si elle ne manque point d’herbe… » Puis se rapprochant avec sympathie, du père de Beaumont, et avec un accent de solidarité agricole : « Quant à votre cheval, non, je ne voudrais pas profiter du marché dans les circonstances. Je l’ai acheté de Lucas trente-cinq piastres… il vous suffira de me rembourser. » De la tête, il lui fit signe de le suivre. Ils passèrent tous deux à travers la cour aux bestiaux, contournèrent les étables, ainsi qu’un meulon de foin disposé tout contre. Rougeaud se trouvait là, tranquille, à brouter au rebord d’une planche.

— « Tiens, notre vieux Rougeaud… ce pauvre Rougeaud ! » murmura spontanément le père de Beaumont en l’apercevant. La voix lui avait tremblé de le savoir de nouveau à lui, redevenu de la famille, pour ainsi dire. Il s’en approcha un instant pour le flatter de la main. Sans parler, il tira son porte-monnaie et compta l’argent convenu qu’il remit en l’accompagnant simplement d’un geste ému qui voulait dire : Merci.