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de ses jeunes yeux naïfs à pénétrer le regard profond du vieillard, et elle lui demandait sur toutes choses ce qu’il en pensait. Rien qu’à lire l’expression de leurs figures — certains jours, contristées et graves, d’autres jours, gaies et souriantes — on devinait tout de suite que Lucas travaillait dur et ne buvait point depuis quelque temps, ou qu’il avait de nouveau succombé au démon de l’alcool et tout laissé à l’abandon sur sa ferme.

Ce jour-là Marcelle avait le cœur gai. Tout en ravaudant une déchirure qu’elle avait aperçue à l’habit du père de Beaumont, elle s’était informée de mille choses… avait questionné longuement au sujet de Yves… de Jacqueline…

— « Que devenait-elle donc, cette Jacqueline, qu’on ne la rencontrait plus ? » avait-elle demandé, et après un moment de réflexion : « Oh ! non, ce n’est pas parce qu’elle rougirait de moi. »

— « Ce qu’elle devenait ?… » avait répliqué le père de Beaumont. « Mais amoureuse, je suppose, Marcelle,… comme le deviennent les jeunes filles. Il paraît que le docteur Verneuil est loin de lui déplaire et que les noces ne seraient même pas éloignées, si l’on en croit les cancans. »

— « Ah ! vraiment, » avait simplement répliqué Marcelle, songeuse.