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Page:Choquette - La Terre, 1916.djvu/142

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— « Alors ce serait invraisemblable à tes yeux ? » Jacqueline avait eu un mouvement pour protester, « même si l’on apportait un motif puissant ? »

— « Quel motif suffisant pourrais-tu bien offrir ? » répliqua le docteur, avec conviction.

— « Je ne sais trop… Ce n’est pas encore net dans mon esprit… Mettons, par exemple, » continua-t-elle en pesant les mots, « que notre héroïne ait découvert que son père a empoisonné la mère de celui qu’elle aime… et vu que ce secret est en même temps possédé par un certain prétendant, qu’elle abhorre, elle accepte héroïquement de meurtrir son cœur et se condamne à simuler quelque intérêt envers lui par crainte des révélations qu’il peut… »

— « Ta, ta, ta, » interrompit le docteur. « Ah ! je vois où tu vas aborder. Tu te prépares simplement à chavirer dans le genre de Ponçon du Terrail, » ajouta-t-il, amusé et désappointé à la fois. « Ta tentative sert justement à confirmer l’assertion que, d’accord avec nombre d’autres, tu désires contester : L’impossibilité d’extraire un plan vécu et original du terroir glacé et dénudé que nous avons ici à notre disposition. »

— « Un plan vécu… Tu dis, père ? » Elle allait peut-être désespérément se trahir, car, impuissante à dompter son émotion, ses lèvres s’ouvraient déjà pour une suppliante protestation. Mais lui, tout à sa pensée, avait repris :

— « Quelle œuvre d’idées, puissante et bien du pays, est-il en effet possible de tirer du milieu vide