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Page:Choquette - La Terre, 1916.djvu/157

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Conformément à cet avis toutefois — et toujours en secret, tant il sentait se réaliser une à une les réflexions étranges de son père — Yves s’était décidé à solliciter l’émission officielle d’un brevet d’invention. Hélas ! un nouvel échec l’attendait. Quelqu’un l’avait devancé et s’était empressé de faire breveter sous le nom de panclastite la formule d’un détonnant dont le procédé de fabrication différait insuffisamment du sien pour lui laisser droit à une nouvelle patente.

Il était resté atterré. Ce rêve ambitieux, auquel il se cramponnait depuis quelque temps ainsi qu’à une bouée, lui aussi s’effondrait.

C’est contre cette suite de déconvenues que Yves luttait, quand il reçut, au fond de son laboratoire, la déconcertante proposition d’engagement faite par ses maîtres.

Les ateliers s’étaient vidés.

Comme on sort de l’école, la classe finie, les employés avaient par groupes bavards quitté l’usine, traversé les cours encore âcres de vapeurs nitreuses ; mais lui, une éprouvette à la main, était resté affalé sur un banc, le coude sur le genou, n’ayant conscience de rien.

Au bout d’un temps un retardataire de ses amis passa qui, l’apercevant à travers le grillage de la cloison, lui cria :

— « Qu’est-ce que tu fais donc, Yves ?… Ne t’en viens-tu pas ? »

Alors machinalement il avait enlevé ses salopettes,