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Page:Choquette - La Terre, 1916.djvu/187

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yeux que retombait entièrement l’inhumaine hostilité de Verneuil.

Sans mentir, mais en mêlant à sa réponse le rictus de mépris écœuré qu’il aurait eu pour peindre le triomphe brutal qu’un colosse aurait remporté sur un enfant, il ajouta :

— « Verneuil a refusé de venir. »

— « Il a refusé ?… Je sais… » reprit avec amertume Marcelle, sans rien expliquer. « Il ne vous aime point, vous, les de Beaumont… Oh ! le lâche… le lâche. »

Elle avait enfoui sa tête sous les draps et s’était blottie contre son enfant comme pour mourir avec lui et ne plus rien voir, ne plus rien apprendre des laideurs et des hontes humaines que la vie ne cessait de lui dévoiler.

Lucas, lui, était resté debout, immobile, roulant sa pensée dans je ne sais quel vertige. Dans son angoisse d’approcher, il se contentait de suivre de loin, sur le coin de lit où se débattait son enfant, le mouvement d’ondulation des draps. Il pensait à la fois à Verneuil.

— « Le lâche !… le misérable lâche ! » avait au bout d’un temps repris Marcelle à travers ses larmes désespérées et en échangeant avec Lucas un regard d’impuissance. Quant au petit Gérard lui-même, sa pâle charpente sans cesse soulevée et disloquée par la tension respiratoire, il avait pareillement promené un regard de détresse infinie sur les choses autour de lui, puis il s’était abattu dans les mêmes creux de