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Page:Choquette - La Terre, 1916.djvu/231

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vaient qu’une crainte : la venue de l’Anglais. Et l’Anglais est venu. Il a construit des chemins de fer, bâti des villes, ouvert des industries et pour se compenser des grands biens qu’il leur apportait, il a exploité à son bénéfice leurs mines fabuleusement riches d’or et de diamant. Mais il leur a laissé le sol dans lequel ils se sont tenus enracinés. C’est dans ce sol qu’ils trouvent le bonheur et qu’ils ont puisé l’héroïsme avec lequel ils ont lutté.

Yves ne révéla point comment se fit, en sa conscience et ses actes, l’accord de son serment de fidélité à ses chefs avec son admiration pour les ennemis qu’il avait eu à combattre.

Ce qui resta de ses paroles, ce fut, dans l’esprit des auditeurs, un amour plus profond du sol qui peut faire germer de tels héros et, en son propre esprit, un attrait plus prononcé pour la vie rurale si propre à les achever.

Le père de Beaumont l’avait écouté avec émotion. Lui qui était né au bruit du canon de 1837, dont le père avait fait le coup de feu contre l’Anglais, qui avait vécu dans cette paroisse de Saint-Hilaire dont chaque famille avait fourni un fils à la bataille de Saint-Charles, en attendant de l’enrôler pour la lutte pacifique de la terre, il avait suivi Yves avec un véritable orgueil dans son récit. Il aurait souhaité que toute la paroisse, que les deux rives du Richelieu entendissent le soldat du Transvaal se joindre ainsi à l’employé de la Poudrerie pour proclamer la justesse de la thèse qu’il avait toujours intérieurement