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Page:Choquette - La Terre, 1916.djvu/263

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blement : pâle, courbée dans l’attente pleine d’anxiété de je ne sais quelle redoutable menace suspendue sur sa tête.

Sans un mot, clouée dans l’attitude où l’imminence des aveux de Yves l’avait écrasée, sa main seule cherchant un appui dans le vide, elle restait frissonnante, comme si elle eûtattendu le coup fatal.

… Elle le savait si bien ça aussi…

Quant à Yves, il s’était écarté, puis rapproché d’elle avec un geste d’effroi. Les lèvres vibrantes, très vite il lui avait jeté trois ou quatre paroles incohérentes qu’elle avait écoutées sans répondre et voyant se lever doucement vers lui son regard chargé de larmes suppliantes, il s’était tu. Une sensation d’égarement — où perçait encore entière l’extrême tension de son esprit vainement ramassé pour un effort de perspicacité — continua de l’agiter encore quelques instant, puis sous le coup de quelqu’étrange retentissement au fond de son âme, il s’était enfui.

— « Ah ! » soupira douloureusement Jacqueline en le voyant s’éloigner.

Éperdue, elle tenta vers lui quelques pas chancelants, comme pour le retenir ; mais n’en pouvant déjà plus, avec une exclamation de déchirement plaintif :

— « Monsieur Yves… Yves… Yves… appela-t-elle, à voix de plus en plus éplorée.