Page:Choquette - La Terre, 1916.djvu/283

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

XXXVII


Tout le jour, le lendemain, par l’une de ces températures limpides d’automne où tout semble conspirer — le soleil, le vert glauque des sapins, les teintes jaunâtres et pourpres des érables, le reflet des rochers — pour illuminer les coteaux et les plaines, les paysans avaient sans relâche poursuivi leurs labours silencieux. Des sillons infinis creusés côte à côte découpaient à perte de vue, sur les chaumes des fermes, leurs carrés grisâtres ; car la terre fraîchement arrosée s’était ouverte large et généreuse sous le choc luisant des charrues.

La journée, de travail était maintenant terminée. Comme ses voisins, Yves avait labouré ferme et presqu’entièrement éventré la « pièce du Puits ». Une ardeur joyeuse l’avait d’ailleurs constamment soulevé, tant il promenait à la fois de rêves enivrants dans sa pensée. C’est qu’à tout instant il retrouvait à ses côtés un frêle fantôme charmant qui commandait la charrue et auquel il se prenait à expliquer, ainsi qu’à un compagnon de travail, les prochaines