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Page:Choquette - Les Ribaud, 1898.djvu/221

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Les Ribaud

Il n’était pas patriote à la manière des autres, le docteur Ribaud. Car s’il voulait, lui, défendre ce qu’il considérait être l’honneur de sa race, venger sa nationalité, conserver la liberté des siens, lutter pour les principes de justice et ces droits sacrés que les gouvernements d’alors émiettaient sans scrupule, un à un, sous la dent des francophobes, il voulait encore venger son foyer désert, son père mort, et étouffer, ah ! étouffer surtout l’amour fatal qui avait germé dans le cœur de sa Madeleine chérie.

Famille et foyer, c’était un pour lui.

Et, revenant de l’assemblée, sous le coup d’une agitation agréable, comme dans l’attente d’un joyeux événement, il sentait ses vieilles jambes rajeunies, souples à sauter le chemin d’un seul bond.

Il rentra chez lui, déposa sa canne dans