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Les Ribaud

de l’absinthe on n’a point goûté l’amertume, et les larmes qui nous sont parfois tombées des yeux ont plus souvent été des larmes de joie que des larmes de douleur.

Avec l’idée de sa rencontre du lendemain, Gabriel analysa, pendant cette dernière nuit, ce qu’avaient été pour lui ses vingt ans de vie. Il énuméra les tristesses et les sourires qu’ils lui avaient apportés, et, appuyé sur sa fenêtre sous le grand œil de la lune qui le regardait, il constata qu’il avait souri plus souvent qu’il n’avait pleuré.

Il se sentit par instant, des frissons d’épouvante à la pensée que tout ce qu’il avait aimé pouvait s’anéantir dans un clin d’œil. C’était si bon de vivre.

Non, ce n’était point de la lâcheté pourtant ; son honneur lui avait tracé un