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Les Ribaud

d’adieu, sans un encouragement, il eut peur. Il trouva que c’était cruel pour son père, plus cruel pour lui-même et il oscilla entre ces deux angoisses : celle de lui planter en plein cœur, sans préparation aucune, ces mots : « je vais me battre, » ou celle de ne pouvoir garder de lui au moins une parole qu’il se répéterait le long de la route et qui, lui semblait-il, l’aurait fortifié pour le combat.

Si, en dehors, pour le monde, Gabriel était un homme, au sein de ce foyer heureux, il était encore un enfant et il eut peur de reculer.

Il écouta, rien ne bougeait dans la maison, et, entrebâillant la porte de la chambre de son père, doucement, dans la crainte de l’éveiller, il voulut aller au moins déposer un baiser d’adieu sur son front.