long-temps à regarder les autres, & à juger des
coups ſans en partager le divertiſſement.
Chaque choſe aura ſon temps. Tu ſauras donc que Joconde étoit entiérement abattu, & toutes ſes forces étoient épuiſées. Eh bien, lui dis-je, vous êtes las, vous n’en pouvez plus, mon pauvre enfant ; & j’ai bien la mine de ſortir veuve de ces noces, & de n’avoir aucune part à la fête. Non, non, dit Sempronie, ne crains point, tu ſeras ſatisfaite, & je veux bien cautionner Joconde. En effet, pourſuivit-elle, en s’adreſſant à lui, tu as beſoin de reprendre des forces ; va-t-en à ma gouvernante, & la prie de ma part de m’envoyer la collation, pour moi & pour mes compagnes. Il s’y en alla, & apporta un peu après une grande tarte avec des confitures, & une bouteille d’excellent vin. Je coupai d’abord un grand morceau de cette tarte, & le donnai à Joconde, tant j’avois hâte qu’il fût bientôt en état ; il ne le mangea pas, il le dévora, & but un verre de vin que je lui préſentai avec la même avidité. Sempronie & Victorie avoient le même ſoin que moi ; chacun lui donnoit à l’envie : c’eſt pourquoi, il fut bientôt raſſaſſié.