ble à tous les hommes, & enfin ce que je me
devois à moi-même. Je connus donc qu’il étoit
néceſſaire que les femmes mariées fuſſent fort
religieuſes, ou tout au moins qu’elles en euſſent
l’apparence ; car il faut que tu ſaches que
celle qui n’eſt pas vertueuſe en elle-même, ſi
elle en fait bien le perſonnage au-dehors,
eſt préférable à celle qui l’eſt en effet, mais
qui ne la paroît pas. Le bonheur d’une femme
dépend entiérement de l’eſtime de ſon mari ;
elle eſt heureuſe, ſi elle peut paſſer dans ſon eſprit
pour ſage & honnête : mais au contraire
elle eſt miſérable, ſi ſa conduite trop ouverte
donne des ſoupçons de ſes déréglements. Dans
le commencement de notre mariage, nos maris
nous aiment & nous chériſſent à cauſe de
notre beauté, & des autres agréments extérieurs
qu’ils trouvent dans notre perſonne : mais
quand ces premieres fureurs de l’amour ſont
paſſées, & qu’ils ſe ſont raſſaſſiés de nos embraſſements,
ils n’ont plus pour nous qu’un
amour d’eſtime, c’eſt-à-dire, ſi nos comportements
leur paroiſſent ſans reproche, & s’ils
nous croyent à l’épreuve de la galanterie.
Je commence, ma Couſine, à entrer dans