ge, elle doit les avoir en vénération, & les
obſerver avec une ſi exacte régularité, que ſa
vie à l’extérieur ne differe en rien de l’honnêteté,
pendant que ſous ce voile elle cherchera
ſes divertiſſements. Il faut qu’elle paroiſſe
un miroir de ſainteté au-dehors, pendant que
ceux qu’elle voudra rendre heureux, avoueront
qu’il n’y aura rien de plus laſcif. Cette
conduite te ſurprend peut-être : mais il faut
que tu ſaches qu’elle eſt moins préjudiciable
à la vie civile, que les pratiques de ces femmes
ſaintes & dévotes, qui ne font aucun bien
qu’à deſſein de le faire paſſer pour mal ; & cela,
diſent-elles, par un principe de vertu. O
la belle vertu, qui transforme le bien en mal !
Voilà, Octavie, la fin de la morale que je te
propoſe : Palàm vive omnibus, clàm & in tuto
tibi : c’eſt-à-dire, que tu dois ſuivre les ſentiments
des ſages, & les coutumes du peuple ;
& qu’en réſervant pour toi tes penſées & tes
actions les plus ſecretes, tu dois lui ſacrifier
les dehors, & toutes les apparences extérieures.
Il te ſera facile d’obſerver tout ceci ; tu
n’as qu’à imiter ta mere Sempronie.
Je comprends tout ce diſcours, Tullie ;